samedi 20 février 2016

13 décembre 2015. Mary Poppins.

Vomir. Je ne suis pas allée voter, vous pensez bien. Et je ne voterai plus tant qu’on ridiculisera les candidats non issus du faux clivage droite/gauche et tant que le vote blanc ne sera pas VRAIMENT pris en compte. Par contre, comme je n’étais pas chez moi, j’ai dû m’enfiler toute une soirée électorale à la télévision, ça doit être une forme de punition divine et oh mon dieu, je me suis souvenue alors de pourquoi j’ai bien l’impression que je n’irai plus jamais voter de toute ma vie. À part peut-être pour choisir la nouvelle couleur de la poubelle de l’immeuble. Ça doit pas être trop grave, au vu des taux d’abstention chez les députés lors des séances de l’Assemblée Nationale.

Ô la tristesse d’un plateau télé post régionales ! Déjà, Cécile Duflot, maintenant quand je l’entends parler, je ne peux plus m’empêcher de penser au fait qu’elle a appelé sa fille Térébenthine. Ça crée un bourdonnement dans ma tête, tout
devient flou, il me semble bien qu’elle essaie de dire quelque chose mais je la vois, malgré moi, cirer de vieux meubles moisis. Rachida Dati, pareil, j’essaie toujours de chiffrer ce qu’elle porte sur elle. C’est comme un Sudoku géant, il y a des chiffres partout. Et comme maintenant il devient difficile de distinguer Dior et Chanel, je me perds dans les colonnes de chiffres, je vois juste qu’elle tente d’articuler des mots mais je n’entends plus rien. C’est l’inconvénient du people-itique : il n’a tellement plus d’idée et pas plus d’idéal qu’on ne s’intéresse plus qu’à la couleur de ses cheveux.

Ils sont tous là, l’air un tout petit peu affolé, mais toujours les mêmes. Je peux citer tous leurs noms, alors que je suis en cure de désintoxication médiatique. Enfin à moi ça me parait toujours bizarre de voir Fabius dans un gouvernement comme si de rien n’était... bon. Autant dire que rien n’a changé, donc. Ou alors c’est peut-être même pire qu’avant. On pourrait presque regretter que le FN ne soit pas passé. Le voilà, le renouveau qu’ils ânonnent tous dans leurs discours. Ils semblent quand même tous bien avoir compris que les Français « en ont marre ». Ahah. Bon apparemment ça ne les empêche pas de répondre aux questions fades des... Non je ne vais quand même pas écrire « journalistes »... des animateurs de façon tellement attendue que je pourrais les écrire d’avance. Évidemment, que Rachida Dati va te répondre que non pas de triomphalisme blablabla, pendant que ses yeux te disent on va tous vous niquer en 2017. Mais surtout, on est au bord de basculer dans l’extrême droite, c’est à dire un tout petit léger fascisme (même si sa chef a mis des petits cœurs partout pour le rendre fréquentable), et bien la droite est quand même en train de nous expliquer, comme quand on était petits et qu’il fallait expliquer à maman que c’est pas nous, c’est le petit frère, que c’est la faute de la gauche, qui, vexée, répond que c’est la faute de la droite. La politique c’est comme si on avait tourné une série et qu’on nous repassait toujours la même saison. En 2012, juste après la victoire de Hollande, j’avais trouvé Vallaud-Belkacem très arrogante envers un type de droite sur un plateau télé. J’avais envie de lui ouvrir les yeux avec mes doigts et de lui crier à l’oreille que ça n’allait durer que cinq ans et que donc ça n’était pas la peine de prendre ce petit air supérieur de première de la classe qui a eu la meilleure note en dictée. Je suis gênée pour eux, mais je suis dans l’incapacité d’éteindre cette télévision vu que je suis chez des gens et que donc elle ne m’appartient pas.

Quand je vois qu’on en est à se réjouir de l’élection de Christian Estrosi, j’ai même presque peur. Oui oui, j’ai entendu « ouf, c’est Estrosi qui est passé ! », ce qui ressemble quand même un peu à « voilà Lucky Luke », ou à « voilà Zorro ». Soit on est dans une sitcom et c’est pour rigoler, soit on est dans la vraie vie et... Ah on me dit qu’on est dans la vraie vie, là. J’aurais peut-être même préféré regarder un film de Guillaume Canet tellement ça me déprime : à la vingt-septième allusion aux « valeurs de la France », je n’en peux plus, je suis à deux doigts de quitter ma chaise et de me rendre sur le plateau de France 2 pour remettre un peu les choses au clair. Il faut quand même bien les dégraisser, les « valeurs de la France », pour qu’on ait envie d’en faire un étendard. Il faut fermer les yeux sur beaucoup, beaucoup de choses pour que quand on entend « valeurs de la France », on puisse voir sortir des trucs comme « liberté », « fraternité »... Enfin remarque, s’autoproclamer nation des droits de l’homme alors qu’on est une plaque tournante de l’esclavagisme (au XVIIIème les deux n’étaient pas incompatibles) puis du colonialisme, ça n’avait déjà pas l’air d’être un problème.

 Liberté, liberté... Ah oui : c’est pas le truc où tu peux te faire arrêter parce que tu es opposé à la construction d’un aéroport qui est un scandale économique, politique et écologique ? C’est comme quand les annonceurs te jettent à la figure «porc français» comme un gage de qualité. Pardon mais à quel moment je suis censée être rassurée par la mention « fabriqué en France » ? Moi quand je vois «porc français» dans les rayons, j’ai plutôt envie de vomir dessus. Quand on voit l’état des abattoirs et des élevages en France, on a complètement envie de devenir végétarien. Eh bien là, de voir Juppé parler des « valeurs de la France », ça me fait un peu le même effet. J’ai l’impression que j’ai attrapé une gastro-entépolitique.

Mary Poppins

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