samedi 14 juin 2014

Platoch’ t’es moche. Albert Fumier.

Bonjour mesdemoiselles, mesdames, je vous écris ce mois, le membre à demi enseveli sous le sable fin et brûlant d’une des rares criques naturiste égayant encore le littoral catalan. Je vous sens trépigner, il ne s’agira point de récidiver dans l’étalage de stupre et d’érotisme propre aux Lettres Ouvertes aux Deux Sexes (cf les LNM de 2012 à fin 2013). Non, il s’agira de reprendre notre cher Platoche, quant à sa récente intervention au sujet du peuple brésilien, si cher à votre humble serviteur tant pour ses délicieux caïpirinho que ses tanga siliconés.

Alors, Michel, puisque tu me permets de te tutoyer, tu me déçois. J’ai tout aimé de toi, pourtant… De cette feuille morte de 18/11/1981 contre la Hollande à ces
voies que tu ramasses à la pelle le jour de ton élection à la tête de l’UEFA. Tout te réussissais, toi mon idole et puis « patatras », te voilà déblatérer ces quelques merdes bien assez inutiles devant toutes les télés du monde. Depuis ce jour, ton regard fier et devenu à mes yeux arrogant et tes coups de sang contenus, des coups pieds dans des canettes vides. Non, Michel, tu déconnes, il est temps que je te parle…

« S’ils peuvent attendre un mois avant de faire des éclats un peu sociaux, ce serait bien pour le Brésil et pour la planète football... Mais bon, après on ne maîtrise pas. […] Le Brésil, faites un effort pendant un mois, calmez-vous. Rendez hommage à cette belle Coupe du monde. On a été au Brésil pour leur faire plaisir ! […] Ben les brésiliens, pendant un mois, faut qu’ils se mettent dans l’idée de recevoir les touristes du monde entier et qu’ils fassent la trêve ».

Voilà l’objet du délit. Alors je ne sais pas si t’avais picolé ou si l’idée de devoir annuler ton voyage au pays des fesses bronzées t’avait emmêlé les idées mais sortir de telles saucisses, en grand donneur de leçon sur la situation brésilienne, vu du fauteuil en cuir de ton bureau bernois, ça déplace la naïveté au-delà des frontières de la suffisance. Ramener ton tournoi de ballon en étendard, pour rétablir le calme dans le pays, non mais tu rêves, mon vieux ! Crois tu seulement qu’ils ne sont pas informés de l’événement qui va se tenir chez eux ? Crois tu que la passion prends le dessus sur les conditions de subsistances ? Et bien non, tu ne me croiras peut être pas, de ta vision de professionnel de la gonfle, mais le foot ce n’est qu’un jeu et dans la vie, on ne laisse pas le temps à tout le monde de jouer.

Revenons au contexte local… Faut savoir qu’à Rio, 25% de la population vit dans des bidonvilles, encore 15% des brésiliens vivent avec moins de 2€ par jour et quand l’écart des richesses en Europe va de 1 à 5, celui du Brésil peut atteindre 1 à 100. Si les villes accueillent beaucoup de population (une dizaine de villes dépassent le million d’habitants) et offrent suffisamment de travail, les pauvres sont souvent « parqués » dans les habitats insalubres à la périphérie et n’ont que le transport en commun pour se rendre à leur travail. Dans un tel contexte, l’augmentation du prix des transports a été reçue comme une gifle par la population et ta coupe du monde, Mich Mich, avec toute ses télés et son barnum de riches, représente une parfaite occasion de se faire entendre, de dénoncer les réalités du quotidien des peuples. Dire que tu te plais à répéter que le football est un sport populaire !

D’ailleurs, je questionne les amis de Christian Jean Pierre, David Pujadas et consorts : comment fait-on pour devenir un éminent journaliste accrédité et suivre un évènement aussi important qu’une coupe du monde sans rien décrire de ce quotidien, énoncé plus haut ? Comment peut on oublier à ce point l’essence de ce métier et feindre l’ignorance derrière les grilles électrifiées des résidences haut standing de Sao Paolo ? Peut être que je me trompe, que ceux-ci me feront mentir, qu’on va lire ou entendre de beaux reportages qui soutiennent les causes populaires. Peut être que je me trompe… En attendant, ces derniers ont réussi à fouler le sol Sud Africain pendant deux mois sans qu’aucun élan de colère ne transparaisse, à part la grève d’une vingtaine de cons dans un bus. A croire que la moitié des habitants du pays, qui vie sous le seuil de pauvreté dans cette nation pourtant la plus riche du continent africain, n’avait rien à exprimer…

En attendant, brésiliens de la rue, calmez vous ! D’abord parce que le père Platoche l’a dit, faut pas déconner, et puis parce que vous n’avez pas réalisé la chance que vous avez d’accueillir les grands argentiers de tous les continents (sans même parler des joueurs) qui viennent servir leur spectacle dans vos stades sans vous donner l’opportunité de venir vous y asseoir. Non, avec vos économies, vous boirez Coca Cola, vous mangerez Mc Do en regardant les matchs sur la TV Sony du bar de l’oncle Joao, autant de sponsors officiels (mis à part le troquet du vieil ivrogne). Ou alors, au contraire, révoltez vous, ne quittez pas le pavé, continuez de bloquer tous les transports, foutez le bordel à l’entrée des stades… D’une part vous n’empêcherez en rien les héros en short et crampons de réaliser les exploits qui feront rêver les enfants de tous âges et d’autre part, vous montrerez peut être au monde entier qu’à défaut de reconnaissance de la part du grand cirque des mass média, on peut troubler la fête de certains, si grande soit elle, pour être écouté, un tant soit peu.

Albert Fumier, pour vous servir.

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