vendredi 13 décembre 2013

Psycho : à qui le tour ? Marie Jeanne.

Candidat numéro 1 :
Youpi ! J’ai eu mon bac ! 
C’est à cet instant précis que ma vie commence. C’est là que démarre mon indépendance. Je vais enfin pouvoir quitter le domicile familial. Fini le partage de la salle de bain avec ma petite sœur, les bons petits plats de maman et les soirées télé ! A l’avenir, ce sera sanitaires collectifs pour moi et tous mes voisins de palier, boîtes de conserves réchauffées sur ma petite gazinière que j’installerai en cachette dans ma chambre d’étudiant
et soirées révisions d’examens. Pour ce dernier point, je sais déjà que je ne m’y tiendrai pas. Soyons clair, cela fait plusieurs années que je m’instruis, que je travaille sans relâche et ce pour aucun revenu alors je mérite une année sabbatique. Voilà pourquoi je vais m’inscrire en faculté. Je me réserve mes jeudis soirs pour les soirées étudiantes et il me faut aussi du temps pour être avec ma copine…ou mes copines… on ne sait jamais ! Du coup, je pense que je vais m’inscrire en psychologie à la faculté de Lettres. 

Candidat numéro 2 :
Génial ! J’ai eu l’appartement !
Lorsque mon éducateur m’a annoncé la nouvelle, je n’ai pas voulu le croire. Voilà six ans qu’il m’accompagne dans mes démarches. Six années de galère… Je reviens de loin. Je suis passée par tous les services, qu’ils soient d’urgence ou de stabilisation, jusqu’à me retrouver maintenant avec un appartement à moi. Le bail sera à mon nom dans quelques temps. Mon éducateur m’a tout expliqué. Je ne le remercierai jamais assez. Il m’a alors dit d’aller jusqu’au bout de mon projet et de venir postuler dans sa structure pour travailler avec lui plus tard. J’ai ri. Après avoir noté le rendez-vous, j’ai raccroché le téléphone et j’ai regardé mon fils. Soudain, je fus prise de panique. Vais-je arriver à tout gérer ? J’ai peur de finir de nouveau à la rue. Mais non, j’étais mineure et sans ressource à l’époque. Maintenant, j’ai un travail, j’ai un logement, je sais m’occuper de mon fils, je suis accompagnée… et je vais entreprendre des études de psychologie. Je vais y arriver. Je deviendrai la meilleure des psychologues ! Tu verras mon fils.

Candidat numéro 3 :
Et voilà ! J’ai fait mon choix !
Si je pars si loin de toi maman, ce n’est pas uniquement pour des raisons profondément psychanalytiques de quête inlassable de construction d’identité à travers la recherche insensée d’un bonheur lointain qui en réalité ne se trouve pas dans un ailleurs mais plutôt dans un retour au source vers mes propres racines qui font de mon être ce que je suis aujourd’hui et ce que je serai demain, non vois-tu, la raison est tout autre… Je précise tout de même que je ne saurai dire si mon choix est réellement le miens ou s’il n’est simplement que l’expression inconsciente de gênes familiaux… Oui, chère mère, je pars à la métropole pour entreprendre les mêmes études que vous et mon cher père firent, il y a quelques années. Je pars étudier la psychologie à Montpellier. Pourquoi Montpellier ? Pour le côté bord de mer qui me rappellera ma réunion natale, même si cela n’a rien de semblable. C’est à des milliers de kilomètres que votre petit colibri va pouvoir étendre ses ailes et prendre son envol. J’ai besoin de vous quitter pour mieux vous retrouver.

Vote :
Lequel de ces trois candidats mérite d’intégrer la faculté de lettres de Montpellier pour y étudier la psychologie ? 
C’est la crise ! Nous ne pouvons pas tous accéder aux hautes études, cela coûte trop cher à l’Etat alors il faut faire du tri. Or, si l’instauration de quotas est soumise à l’autorisation du Recteur, le tirage au sort des candidats, lui, est prévu par la loi. Ainsi, dès la rentrée 2014, grâce à notre fonctionnement judiciaire toujours aussi productif, la faculté de lettres de Montpellier, se transformera en loterie géante. 
Alors qui va gagner ?

Marie Jeanne.

1 commentaire:

  1. Le plus drôle (si j'ose) c'est que l'idée même de ce loto géant, mériterait une bonne psychothérapie... Mais c'est bien connu nous ne jouons jamais vraiment notre propre partie, le risque est bien moins grand et plus jouissif que de (se) jouer des parties des autres... Quant à nos 3 candidats, l'expérience (qui selon Einstein vaut mieux que la soit disant connaissance) seront choisis selon leurs motivations (si tentée qu'elle soit consciente) et malheureusement, que dis-je, bien heureusement, l'évolution et les envies de chacun ne se révèlera qu'au fur et à mesure, du temps passé à la b.u, des tendres repas consommés au r.u, des soirées arrosées au vin rosé du café Ranch et autres déboirs à reboire. Me voilà rassurée...

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