jeudi 13 juin 2013

We are all pimp. Marie Jeanne.

« Profession ?
- Etudiante depuis 10 ans. Je suis actuellement en recherche d’une vie active. J’entends active dans le sens intéressante, je ne fais pas référence à un dur labeur qui ne rapporte aucune gratitude personnelle et dont le salaire ne compense en rien la pénibilité de la tâche tout autant que la dépression qui vous gagne. L’exemple parfait d’un métier que je n’aimerais pas faire c’est le votre.
- Hum… Vous vivez donc sur les aides de l’état ?
- Je dirai plutôt en dessous des aides. D’ailleurs, à ce propos, si je pouvais avoir une augmentation…
- Suffit les monologues ! Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?

- Alors, ce matin, des collègues à vous sont venus dans mon appartement afin de me passer des menottes et me conduire devant vous. Je pense qu’il y a un lien de cause à effets entre leur visite impromptue et notre charmante conversation.
- Article 225-6 du code pénal concernant le proxénétisme. Je cite : « Est assimilé au proxénétisme et puni des peines de sept ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit : De ne pouvoir justifier de ressources correspondant à son train de vie tout en vivant avec une personne qui se livre habituellement à la prostitution ou tout en étant en relations habituelles avec une ou plusieurs personnes se livrant à la prostitution. »
- Proxénétisme ou prostitution… Je peux choisir mon inculpation ?
- Parlez-moi de votre colocataire. Quelle est la profession de Mlle Lulubrik ?
- C’est une très bonne question monsieur le commissaire. Elle ne m’a jamais vraiment répondu. J’ai enfin trouvé une coloc qui accepte de payer intégralement le loyer alors je ne me plains pas.
- Justement parlons des plaintes. Votre voisine se plaint des nombreuses allées et venues de la gente masculine dans votre appartement. Que pouvez-vous me dire à ce sujet ?
- Lulubrik a un charme irrésistible et un appétit sexuel insatiable. Le défilé de testostérone dans le couloir n’est que reflet de la soumission de l’homme face à ses pulsions. Qui est coupable ? Si l’homme est prêt à payer pour accéder à une sexualité c’est qu’il est complètement soumis à son côté animal, impuissant à en devenir le maître. Qui est dangereux pour la société ? Celui qui est incapable de se contrôler ou celui qui propose son aide au dépendant ? Si la prostituée est dangereuse parce qu’elle apporte son aide à un homme en état de détresse affective alors l’éducateur spécialisé est un criminel parce qu’il aide une personne handicapé à se socialiser. Que ce soit la prostituée ou l’éducateur, chacun essaye d’aider des personnes à accéder à la normalité.
- Vous confirmez donc que Mlle Lulubrik se livre à la prostitution ?
- Lulubrik n’a pas besoin de se faire payer pour assouvir ses désirs. Je critique juste cette société qui n’est plus capable de discerner le bien du mal, l’entraide communautaire de la déviance anarchique…
- … Revenons à votre chef d’inculpation. Vos voisins témoignent de la forte et constante présence masculine. De plus, nous avons à notre disposition un document sur lequel Mlle Lulubrik déclare, je cite : « We are all prostitutes ». Ces articles où elle raconte ses aventures érotiques corroborent les témoignages de votre voisinage.
- Le fait que ma colocataire pratique le coït avec des inconnus et qu’elle se complaît dans l’exhibition de son intimité via son talent de manier les mots, n’est pas une preuve de prostitution… mais surtout, cela n’a aucun lien avec moi.
- Parlons de votre appartement. Voici quelques clichés qui ont été pris ce matin même. Ce tableau au dessus de votre canapé est estimé à 800 euros, votre table en chêne massif est estimée à 1200 euros, votre voiture neuve dont vous ne disposez d’aucune facture et je ne parle même pas de tout votre matériel multimédia. Etes-vous en capacité de pouvoir justifier de ressources correspondant à votre train de vie ?
- Alors, le tableau est une œuvre faite par un ex-amant de Lulubrik, la table je l’ai achetée au marché aux puces dix fois moins cher. Je vous remercie de m’apprendre que j’ai fais une excellente affaire. La voiture est un cadeau de mon petit-ami, c’est d’ailleurs à lui qu’appartient le matériel multimédia. Attendez c’est à cause de ça que je me retrouve accusée de proxénétisme ? Mais alors tout le monde peut être accusé de proxénétisme !
- Arrêtez de parler aux noms de tous, vous n’êtes pas tout le monde. Je vous accuse vous Mlle Marie Jeanne.
- Laissez-moi réfléchir un peu… Pour éviter l’accusation, il faudrait que je garde toutes les factures de mes achats et surtout que je refuse tous les cadeaux trop onéreux.
- Vous vivez sous le même toit qu’une personne dont vous ignorer son activité.
- Alors en plus, je dois trouver une nouvelle coloc financièrement trop faible pour pouvoir payer le loyer… La solution c’est donc de finir clocharde…
- …heu…
- Attendez, si en tant que clocharde, je fais la manche à côté d’une prostituée et si, avec l’argent de la mendicité, je m’achète une baguette cela veut dire que je vis au dessus de mes moyens tout en étant en relations habituelles avec une personne se livrant à la prostitution… donc je suis une proxénète !
- Partant de là, nous sommes tous des proxénètes… »

Marie Jeanne.

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