lundi 13 mai 2013

L'interview de Gustavo : Etienne Liebig.

Etienne Liebig en pleine action !
Un jour, une personne me parle d’un bouquin « qui te plaira sûrement, ça s’appelle les nouveaux cons ». Elle me connaît à merveille car j’ai acheté le livre, l’ai dévoré d’un coup, et je m’y replonge de temps en temps. Je me renseigne sur l’auteur, un certain Etienne Liebig et me rend compte que c’est le mec avec qui je suis souvent d’accord aux Grandes Gueules sur RMC. A l’occasion de la sortie du tome 2 des nouveaux cons, j’ai pu m’entretenir avec cet auteur et homme sans concessions. Gustavo Mazzatella.

GM : Vous faites partie des grandes gueules sur RMC, pas trop dur de débattre avec les autres grandes gueules ? Et avec les auditeurs ?

EL : J’aime bien la discussion même avec des ennemis idéologiques... mais j’ai du mal avec les blocages dogmatiques de droite comme de gauche... ; avec les auditeurs c’est différent... c’est toujours intéressant de savoir ce qu’ils pensent et j’aime me faire interpeller par des grandes gueules… je sais à quoi je m’expose quand je provoque... c’est logique.


GM : Vous en avez pas marre d’ailleurs de débattre ? Moi je trouve qu’il y a trop de débats, ou du moins trop de faux débat avec des gens qui sont souvent d’accord au final. Enfin, je me demande ce qu’il ressort de tous ces débats que ce soit à la télé ou à la radio.

EL : Je pense que les auditeurs ont envie d’entendre des gens qui parlent sans censure et sans penser à leur carrière ou à leur place politique… ce langage de vérité est parfois redondant mais c’est la vérité de chacun d’entre nous… Les GG disent la même chose au micro et hors micro.

GM : De nos jours, les journalistes sont méprisés par les français, c’est justifié ? Je précise que vous n’êtes pas journaliste.

EL : Je ne sais pas s’ils sont méprisés… parfois la profession est méprisée mais pas les individus… c’est peut être mérité quand on voit les collusions entre des journalistes qui se disent indépendants et le pouvoir.

GM : Vous qui bossez en partie dans les médias, vous pensez quoi du système médiatique français ?

EL : Quand on ne connaît rien d’autre, on croit aisément que la presse est libre mais si l’on regarde aux USA, en Angleterre et même en Italie, on s’aperçoit que l’autocensure fonctionne à plein.

GM : Vous ne trouvez pas qu’on parle trop de choses sans importance, ou du moins sans jamais rentrer dans les problèmes de fonds ? En faire autant sur les attentats de Boston, c’est vraiment nécessaire ? L’affaire Cahuzac, beaucoup de bruit mais ça ne va rien changer aux problèmes de l’évasion fiscale ou des conflits d’intérêt. Je ne dis pas que les médias sont responsables de ça mais que ça leur va bien que tout ça existe parce que qu’est ce que ça fait vendre...

EL : C’est une chaîne… les journaux papiers doivent vendre car ils vont tous mal.. ils n’hésitent plus à attirer le client par n’importe quelle ruse de couverture et c’est normal car sinon c’est la fin… vendre, trouver la Une, sortir le scoop, sont tout de même les garants de la survie des journaux… ensuite, la radio pompe dans les journaux papier pour faire son info et sauf cas exceptionnel ne débusque pas d’elle-même l’info... puis la télé suit… C’est intéressant : plus il y a de chaîne, plus l’info est la même car tous regardent les mêmes nouvelles AFP et les mêmes journaux...

GM : Vous avez participé au lancement de Siné Hebdo devenu Siné Mensuel, est-ce selon vous le seul véritable journal satirique actuellement ?

EL : Sans hésitation : Oui !!! Siné n’est l’ami de personne au pouvoir, dans les médias et ailleurs… ses collaborateurs non plus.. il ne deviendra pas directeur de France Inter…

GM : Vous avez écrit je crois 7 livres érotiques, le dernier « sexercices de style » est sorti en  mars de cette année, qu’est ce qui vous intéresse autant dans ce genre littéraire ?

EL : C’est le seul genre où l’on utilise l’intégralité de la langue française… les mots doux, les mots durs... j’aime le sexe dans ma vie depuis tout petit... j’ai toujours été à l’aise avec le sexe et j’ai toujours adoré les mots pour le décrire... Ecrire de l’érotique littéraire est un grand bonheur...

GM : Pensez-vous qu’il soit trop souvent délaissé par les auteurs ?

EL : Tous les grands auteurs s’y sont frotté mais pas toujours avec bonheur... Verlaine, Apollinaire, Hugo, Vian, Queneau, Prévert ont donné les lettres de noblesse à ce style difficile et exigeant... peut être est ce difficile d’être catalogué comme un auteur de « cul » c’est peut être pour ça... moi j’en suis fier !

GM : Vous êtes aussi un auteur humoristique à mon sens, et beaucoup d’écrivains refusent ce statut alors que vous, j’ai l’impression que vous l’assumez pleinement...

EL : Je suis un vrai clown depuis mon enfance, j’aime faire rire et je ne me prends jamais au sérieux sauf au saxophone… j’adore l’humour, la déconnade.. les jeux de mots, les blagues même à trois balles… je déconne souvent et je me fais rire tout seul... c’est une passion.

GM : Vous publiez donc le tome 2 des nouveaux cons, ils n’ont pas été trop durs à trouver ?

EL : Ah non, j’en ai plein en réserve encore... ce bouquin est méchant et n’épargne personne…

GM : Je n’ai pas eu l’occasion de me le procurer encore mais j’avais beaucoup aimé le premier et rien que certaines catégories du second me mettent la bave aux lèvres comme « les auteurs qui se prennent pour Maupassant », « les adorateurs du Dalai Lama », « les acteurs de la lutte antiterroriste » ou « les journalistes sportifs ». Dans le tome 1, en préambule, vous disiez que le but était de vous faire beaucoup d’ennemis, vous étiez en manque d’insultes ?

EL : Y en a marre du consensus… Comment peut-on faire croire aux gens que la religion Thibétaine n’est qu’amour et justice alors que c’est un des bleds les plus violents du monde où les prêtres en jaunes et orange comme le MODEM vivent sans rien foutre en ruinant les fidèles…

GM : Vous écrivez souvent sous la colère, ou du moins en réaction à quelque chose non ?

EL : Le bouquin sur les ROMS a été écrit sous la colère sinon plutôt sous l’effet du Morgon.

GM : Pour moi, l’homme politique actuel n’est qu’un amuseur, un agitateur et il n’a pas le moindre pouvoir. Qu’en pensez-vous ?

EL : Il a quand même un pouvoir de nuisance ? non ?

GM : Bof, nuisance sonore à la limite... Estimez-vous que Mélenchon pourrait devenir le premier ministre de François Hollande ?

EL : Mélenchon est un prince dans l’opposition s’il était au pouvoir il ferait comme les copains… si c’était si simple… Hollande le ferait... il n’a aucun intérêt à perdre ses amis de la gauche.

GM : J’imagine que les expulsions de roms et surtout leur stigmatisation qui ont eu lieu sous Sarkozy mais qui continuent actuellement même si on en parle moins vous répugnent ? Vous avez écrit un livre sur le sujet avec ce sous-titre assez fort : « De l’utilité des Roms... d’une peur populaire à un racisme d’état ».

EL : Je ne suis pas un adorateur béat des Roms, je veux juste que le débat soit exempt de racisme et de représentations et que les Roms soient des immigrés économiques européen venus tenter leur chance à l’Ouest. Basta !

GM : Quel est votre point de vue sur le mariage pour tous, aussi bien la nouvelle loi elle-même mais tout ce que cela provoque ?

EL : Rien à battre… tout le monde à le droit de s’emmerder en couple...  se ruiner les doigts en retirant un alliance trop petite et engraisser les avocats...

GM : Vous êtes toujours éducateur spécialisé auprès des adolescents ? Comment trouvez-vous les jeunes d’aujourd’hui ?

EL : J’ai une grande expérience depuis longtemps… j’adore cet âge chiant et compliqué et je n’ai pas vu beaucoup de différences en 35 ans… ce sont juste les supports de transgression qui changent... le fond est le même… je n’ai pas vu que ça empire, au contraire… C’est plus calme aujourd’hui et les mômes sont un peu anesthésiés par leurs écrans.

GM : On voit certaines cités bien identifiées par les médias et les politiques pour leurs faits de violence, de délinquance, réaménagées et «subventionnées» en grande pompe au détriment d’autres maintenues dans des états bien plus précaires. Partagez vous ce constat ? Comment éviter de tomber dans cette dérive du «chantage à la paix sociale» ?

EL : Nous avons besoin de repoussoirs symboliques pour se dire que nous sommes finalement pas si malheureux là où nous vivons avec notre petit salaire... On se dit : « Oh la la ça pourrait être pire, je pourrais habiter à la Courneuve et mon gamin fumerait du shit... contentons nous de notre situation… ».

GM : Que pensez vous du champs social actuel ? Parvient-il encore à avoir du recul sur ses pratiques et à créer les outils adaptés aux problèmes actuels ?

EL : Comme les journaux… survie, survie survie… satisfaire le bailleur en donnant des preuves permanentes de son efficacité… Le travail social est devenu de l’ingénérie sociale.. le contrôle des population est permanent… On ne sert avec le RSA qu’à éviter l’émeute... ça tiendra ce que ça tiendra…

GM : Que vous inspire le « phénomène » Nabila ?

EL : Qu’avec une idée à la con en 2013, on peut encore faire de la thune... bravo Nabila...

GM : Pour finir, quel est votre sentiment sur les blogs, les réseaux sociaux et internet en général ?

EL : Ils étaient dans mes nouveaux cons, ces imbéciles qui croient qu’à chaque fois qu’ils écrivent un truc sur leur blog, le monde entier est au courant… mais non, tout le monde s’en fout… c’est resté une discussion de troquet… j’en suis de plus en plus persuadé... et les blaireaux qui chassent la phrase sur un blog raciste antisémite, vulgaire bête etc... n’ont rien compris, les blogs ne servent à rien en fait juste à faire croire à celui qui le tient qu’il est important… mais en même temps c’est très sympa toutes ces expressions individuelles qui chassent la pensée unique… j’adore mais il ne faut pas trop y croire… sinon, gare à la déception.

GM : Voilà pourquoi nous sommes le premier blog à revendiquer une seule chose : l’inutilité ! Merci Etienne.

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