mercredi 13 mars 2013

Lettre ouverte aux deux sexes, n°5. Albert Fumier.

Mle A photographiée par Modelechou Fotografi.
C’est le vide, néant... J’me retrouve là devant ma feuille, le bic tremblant d’ennui. Il est 18h17. J’me dis qu’il ne faut surtout pas penser à l’heure et encore moins à ce putain de rédac chef qui pousse au cul pour que l’inspiration provienne à la date convenue. Enfin, à l’heure convenue, désormais. Pfff comme si parler de cul pouvait être une commande... pauv’ con ! S’il y a bien un animal indomptable, c’est celui que nous portons entre nos cuisses, qu’elles soient poilues ou dentelées de cellulite.
18H18, et merde, lâcher cette putain d’horloge du regard ! Allez Bébert, t’en as connu d’autres, des pannes. Des bien plus pathétiques, d’ailleurs... Pourquoi rien ne vient ? Comme si tout s’acharnait contre moi, aujourd’hui. Déjà, hier, Zoé s’est refusée à moi. Alors que nous combustions de tout poil, que les couverts étaient sortis et bien «non». Mais pourquoi donc ? M’offusquai je. «Non, ne me demande pas plus, tu n’y es pour rien. C’est pas grave». Comment angoisser un homme sans prêter l’air d’y toucher...

«Albert, j’ai dit non !»



A ce moment là, je pense que tous les hommes ont la même réaction pavlovienne : on se gratte les couilles ou le sommet du crane, pour les plus romantiques. «Eeeeeet... t’es sure que ça va ? J’ai fait quoi qu’il fallait pas, mon lapin ?».
Ouai, forcément, on devient pénible. La façade se lézarde le fier amant plein d’assurance devient la boite à questions. Toutes se succèdent, toujours plus stupides et inutiles. Nous n’attendons même pas une réponse construite ou n’intentons pas de dégager des problématiques de réel intérêt, nous opérons plutôt de la sorte pour vous entendre parler, comme on sermonnerait un poivrot tombé du bar. Bien entendu, au contraire, mon hérisson se recroqueville de plus en plus sur lui même, laissant pointer ses épines.

Toujours rien. Putain, une nuit à dormir sur ma fougue. Elle a bien dit que ce n’est pas grave, on se rattrapera une autre fois, après tout. Bon, il ne faudra pas manquer de creuser aux abords, d’inspecter tous les voyants autour de ma chère et tendre, il ne faudrait pas que j’ai manqué de lui venir en aide par ci, par là (l’homme est parfois distrait), mais pour maintenant il n’y a rien de plus à faire qu’accepter la sentence. Elle ne veut pas... Puis, on est tous comme ça, après tout, quand on a un souci, on préfère être tranquille, nous retrouver avec nous même. Oui, tout est normal... mais pourquoi maintenant ? Je n’ai pas essayé de lui mordiller le clitoris avant les caresses profondes, cette fois, pourtant. J’ai été doux, j’ai été tendre... Non de non, c’est ça ! Elle voulait que je la brusque. J’aurai du lui tirer les cheveux. Allez !
«Zzzbaf !». Merde, c’était pas ça, elle m’a giflé sans piper mot. Il est mal loti le tourtereau... Mais qu’a t elle ?

Elle se tient là, jonchée sur la chaise héritée de mémé Berthe. Ses cheveux pleuvent sur ses frêles épaules et je peux discerner un de ses tendres et ronds mamelons entre ses avant bras noués. Qu’est ce qu’elle est belle... mais pas touch’, la propriétaire ne veut pas. Merde, merde, merde, j’suis plus un gamin ! Je vais pas faire de mal, si elle me laisse entrer, au contraire. Elle devrait me faire confiance, on se connait si bien. Ben non, je suis prié d’attendre, jusqu’à ravaler ma frustration et regagner ma couche, en ascète.

Je dois m’y soustraire, ce soir, le beau jouet s’est éteint, les coeurs jouent à colin maya, l’amour est au chômage. On va se faire chier. Parce que si l’amour est le ciment du couple, le ciment d’amour ne doit pas trop stagner dans la bétonnière, au risque de ne plus pouvoir lier de briques supplémentaires. Il faut baiser, il faut jouir, que diantre !

«Albert, non !»

Cette fois j’abandonne me plonge dans mon téléphone. Tiens, ce con de Mazzatella m’a écrit il y a de ça quelques heures : «active toi pour nous tomber un article, on publie demain sans faute, cette fois, sinon t’es viré !». Bordel, Zoé est en crise, je vais écrire sur quoi, moi ?

Albert Fumier, pour vous servir.

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